IN MEMORIAM GEORG R.
ACTE UNIQUE
Georg R. : Tu as l’air fatigué.
Theodor M. : Un peu. Thé, café ?
Georg : Du thé. J’ai déjà bu trop de café aujourd’hui.
Theodor : Dans 6 mois, tu ne pourras plus en boire.
Georg : Oui, j’ai vu ça. On a quand le même le droit de s’énerver un peu, non ?
Theodor : C’est pour lutter contre l’hypertension. Je.
Georg : Qu’est-ce qu’ils nous bassinent avec ça ! Excuse-moi. Tu allais dire ?
Theodor : Je vois mon fils demain.
Georg : Ah. Ça va mieux entre vous ?
Theodor : Il est toujours normal. Il est comme tous les êtres humains normaux qui ont toujours voulu et toujours fait quelque chose.
Georg : Mais toi aussi tu as voulu et tu as fait quelque chose, comme tu dis.
Theodor : Oui moi aussi. Et maintenant tu vois le résultat.
Georg : Mais ce n’est pas toi ça. Tu n’as rien à voir là-dedans. Tu as fait ce que tu aimais faire. Tu ne pouvais pas faire autrement. Tu voulais vivre 200 ans pour tout découvrir, tout connaître. Tu as réussi, non ? Tu devrais être heureux. Et ton pauvre fils ne cherche que ce que tu as cherché.
Theodor : Tu as sans doute raison. Mais je ne vivrais pas 200 ans.
Georg : Non ?
Theodor : Je suis fatigué Georg.
Georg : Oui, j’ai remarqué.
Theodor : Non, pas cette fatigue-là. Maintenant, je voudrais que tout cela s’arrête.
Theodor : Mais ici plus personne ne meurt. Tu devrais le savoir !
Theodor : Moi je veux mourir. Tu m’aideras ?
Georg : Non.
Theodor : Je voudrais… Je voudrais savoir à quoi pensent les morts.